Chair à Canon - Jean-Michel Calvez
Éditeur : Lune Écarlate
Date de sortie : 13 novembre 2013
Prix : 1,49€ (ebook)
La note de Julia : 7/10
Résumé
Années 80, durant la première guerre d’Afghanistan. Dans les montagnes, une patrouille soviétique isolée fait la rencontre d’un couple de paysans afghans et s’invite à sa table, pour varier l’ordinaire de leur char inconfortable. Le couple peu bavard a-t-il autre chose à cacher que le ventre rebondi de la jeune femme enceinte ? L’alcool aidant, l’ambiance déjà tendue va vite se détraquer jusqu’à un point de non-retour ; et ce qui aurait dû n’être qu’une banale recherche de renseignements auprès de la population locale va se transformer en une traque infernale dans la montagne.
L'avis de Julia
Une nouvelle dérangeante mais fascinante !
C'est ce que j'ai ressenti en lisant cette histoire digne d'un film d'horreur.
Tout d'abord, merci aux Éditions Lune Écarlate pour ce nouveau partenariat.
Dès que j'ai lu le résumé, j'avoue avoir été très rapidement intriguée par cette nouvelle et je peux vous dire qu'une fois terminée, j'étais assez sous le choc par ce qui s'y passe mais aussi très admirative par l'imagination qu'il a fallu pour l'écrire !
Maintenant passons à mon avis.
Chair à Canon est une nouvelle qui se passe pendant la guerre d’Afghanistan provoquée par les Russes en 1979. Jusque là rien d'exceptionnel me direz-vous et pourtant pour moi c'est un premier point très original à l'univers de cette histoire, puisque je n'avais jamais rien lu de tel. Et croyez-moi, aucune horreur de la guerre ne nous est épargnée, les descriptions de certaines scènes sont particulièrement intenses, violentes et même assez gores, Jean-Michel Calvez nous décrit avec talent, mais sans mettre de gants, des instants abominables et qui paraissent être très réalistes. D'ailleurs, on pense fatalement que ces horreurs ont forcément eu lieu, ce qui nous place dans un état d'esprit encore plus difficile, nous ressentons même un peu de culpabilité par rapport aux monstruosités perpétrées. Grâce à son écriture, Jean-Michel Calvez parvient à nous installer dans une ambiance très sombre, tout est mis en œuvre pour nous rendre claustrophobe, les endroits réduits, les huis-clos et les événements, nous avons presque l'impression de sentir les odeurs qui nous sont décrites et je peux vous dire que tout cet ensemble nous oppresse et parvient même à nous donner le tournis ! Mais un élément vient encore plus accentuer ce sentiment d'oppression ; depuis le début de la nouvelle nous avons une sorte de sensation spéciale que quelque chose de paranormale plane au-dessus de cet univers, malédiction, superstition ou autre karma, ce sentiment ne nous lâche pas durant toute cette aventure étrange...
En réalité, dans cette nouvelle nous suivons une unité Russe de Char T72, composée du Capitaine Ouliakov, de deux soldats et d'un traducteur. Ils sont tombés en panne de radio et ont besoin de se ravitailler, alors, ils prennent la décision de demander l'hospitalité à un couple Afghan, puisque les gouvernements des deux pays ont préféré parler d'alliance plutôt que de guerre. Mais très rapidement on se rend compte que rien ne va se dérouler comme ils le souhaitaient, le couple a tout l'air d'être coopératif, mais on sent pourtant que quelque chose cloche et croyez-moi lorsque la vérité éclate c'est un véritable bain de sang qui commence, c'est parfois très difficile à supporter mais on ne parvient pas à s'arrêter de lire pour autant. Alors plus on avance, plus les événements sont difficiles à vivre, plus les rebondissements, les révélations prennent un tournant très inattendu et particulièrement fort émotionnellement et symboliquement.
Alors forcément, laissez-moi vous dire que la fin est vraiment explosive, dans tous les sens du terme. On assiste à une sorte de vengeance « divine », tout se retourne contre les tortionnaires et ils subissent alors les pires tortures, on ne peut s'empêcher de penser que c'est un juste retour des choses, même si notre morale peut trouver le jugement un peu extrême quand même...
En bref : âme sensible s'abstenir, cette nouvelle dont le titre prend tout son sens pendant le dénouement final, est particulièrement violente mais pourtant très intéressante !